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La cure thermale pour les enfants

Les maladies chroniques des enfants sont perçues comme un élément à la fois injuste et hypothéquant l’avenir de l’enfant. Au-delà de l’aspect émotionnel la prise en charge de ces jeunes malades est un véritable défi de santé publique. Les thérapeutiques sont souvent médicamenteuses, peu efficaces et/ou mal tolérées ; elles peuvent donner l’impression de peser de manière négative sur le futur. L’enjeu pour la médecine thermale est d’autant plus important et ces avantages ne doivent pas être négligés.

La cure thermale doit être envisagée comme un traitement global, à but préventif, éducatif et curatif. Le séjour thermal permet la mise en oeuvre des soins thermaux ainsi que d’actions d’éducation thérapeutique du patient, indispensables pour que l’enfant apprivoise sa maladie et comprenne l’importance de son traitement.

Les 18 jours de soins consécutifs sont un moment idéal pour mettre en place une véritable dynamique entre les équipes soignantes, la famille et le jeune curiste. Ces rencontres avec l’enfant permettent d’objectiver et d’évaluer sa connaissance de la maladie, de son traitement, des facteurs de risque, de son retentissement sur la qualité de vie, etc. Un travail qui demande du temps, des ressources et un environnement propice (présence d’autres enfants, confiance), malheureusement plus compliqué à mettre en oeuvre en médecine de ville.

Les pathologies prises en charge

La médecine thermale offre des solutions thérapeutiques utiles pour certains types d’affections infantiles, en particulier dans le domaine des infections rebelles des voies aériennes supérieures (rhino-sinusites chroniques, otites subaiguës récidivantes), de manifestations allergiques cutanées (dermatite atopique) et/ou respiratoires (asthme, rhinite allergique), de dermatoses chroniques (psoriasis, ichtyose), de séquelles de brûlures. Le séjour thermal permet en outre la mise en œuvre des soins thermaux ainsi que d’actions d’éducation thérapeutique du patient.

L'asthme de l'enfant

Première maladie chronique de l’enfant, l’asthme touche plus de 10% des scolaires. La précocité de son apparition et sa sévérité ont beaucoup augmenté avec les conséquences socio-économiques qui en découlent : retard scolaire, consultations en urgence, hospitalisations.

Les avancées thérapeutiques ont amélioré le contrôle, la prise en charge et le vécu au quotidien de l’asthme, par l’enfant et sa famille. Pour autant, l’asthme allergique, souvent  associé à une rhinite ou une dermatite atopique, reste une des indications majeures de cure thermale. La cure peut s’intégrer dans un parcours thérapeutique, en complément d’un traitement de fond ou d’une désensibilisation ou être un élément de prévention. La réussite d’une cure thermale requiert plusieurs conditions : la nature du produit thermo–minéral, le suivi thermal, les soins thermaux, la qualité de l’environnement sont les conditions nécessaires à la réussite de la cure thermale.  Le thermalisme pédiatrique ne constitue pas un thermalisme à part mais se distingue du thermalisme adulte dans ses modalités.

Le choix de la station appartient au médecin prescripteur ; il est fonction de la symptomatologie présentée. Les eaux bicarbonatées sodiques arsenicales conviennent mieux au terrain allergique et les eaux sulfurées au facteur infectieux. Le choix des dates, du mode de séjour, la connaissance de l’environnement, relèvent de la responsabilité de la famille ; le choix des soins thermaux, le suivi médical, l’éducation thérapeutique, constituent le rôle du médecin thermal.

Les techniques thermales en « Voies Respiratoires » permettent la mise en contact et la pénétration des principes actifs du produit thermo-minéral au niveau de la muqueuse respiratoire. La prescription des soins est adaptée à l’âge, modulée dans la durée ; les techniques de détersion ORL, lavages de nez ou irrigations nasales, les techniques d’hydrothérapie locale sous forme d’inhalations individuelles ou collectives, de humages,  d’aérosols, doivent être expliqués d’une façon simple et imagée afin que l’enfant comprenne et s’approprie le traitement, en devienne un partenaire actif. Le suivi médical et thermal dans la prise en charge de l’enfant asthmatique nécessite information réciproque et collaboration entre les différents acteurs : médecin, agents thermaux, entourage familial.

L'eczéma infantile

L'eczéma infantile

L'eczéma infantile traité en cure thermale est la dermatite atopique (DA), affection essentiellement de cause génétique. Sa fréquence atteint 10 % des enfants. Les signes apparaissent chez le nourrisson (60 % des D.A. apparaissent durant la première année de la vie). La guérison peut être complète et définitive ; la guérison apparente peut être suivie d’une récidive à type d’eczéma, d’asthme, de rhinite ou de conjonctivite allergiques. Dans quelques cas, la D.A. peut persister toute la vie. La D.A. implique aussi des facteurs immunitaires et d’environnement. Elle entraîne un prurit majeur, altère considérablement la qualité de vie. En 2014 sur 2000 D.A. : 68 % sont modérées, 32 % sévères avec plus de 6 à 10 poussées par an.

Le psoriasis

Le psoriasis est une affection chronique qui atteint 3 % de la population mondiale. 1/3 des psoriasis sont diagnostiqués avant l’âge de 15 ans, parfois chez le nourrisson chez qui il se présente sous la forme trompeuse d’un érythème fessier. Chez l’enfant plus grand, il prend la forme spéciale de psoriasis en gouttes. Il est le plus souvent familial : 50 % des enfants psoriasiques ont un parent proche atteint. Cette dermatose invalidante entraîne un retentissement important sur la vie quotidienne du jeune : moquerie des copains, difficulté de faire des sports.

Psoriasis et eczémas ont un point commun : ce sont de véritables fardeaux entraînant de nombreux handicaps, en particulier psychologiques et socio-économiques : contrainte et coût des soins, absentéisme scolaire, incompréhension de la société et de l’entourage. Ces lésions cutanées ont un impact sur la qualité de la vie, non seulement des enfants mais aussi de leurs familles. La mauvaise adhésion du malade au traitement est la cause principale des échecs ; ceci est dû à des soins souvent très astreignants, au manque de connaissance de la maladie et à des croyances erronées (cortico-phobie).

Les séquelles des grandes brûlures

Les séquelles des grandes brûlures

La cure thermale est devenue une étape obligatoire chez tous les grands brûlés, enfants compris, en particulier pour les cicatrices hypertrophiques. Les grands brûlés viennent de plus en plus tôt ; leurs lésions sont de sévérité croissante en raison des progrès de la réanimation et de la chirurgie.

Les soins thermaux des grands brûlés ont 3 buts :

  • améliorer le prurit infernal qui entraîne souvent des insomnies graves;
  • atténuer l’épaisseur des cicatrices;
  • assouplir la peau.

Les grandes ichtyoses

Les ichtyoses, en particulier lamellaires, sont des maladies où la peau, extrêmement sèche, se recouvre de véritables écailles sur tout le corps.

Les soins externes sont l’essentiel de la cure dermatologique. L’hydrothérapie a un effet maximal en dermatologie car les eaux minérales sont mises directement au contact des organes malades. Les différentes techniques sont les bains, les pulvérisations et les douches filiformes. Il faut rappeler que les applications d’eau sur les dermatoses les plus variées ont toujours fait partie des thérapeutiques dermatologiques en tous temps et en tous lieux. Un service de dermatologie se distingue des autres services hospitaliers par le nombre, la taille et l’équipement des salles de bains, douches et pulvérisations. La dermatologie thermale se distingue essentiellement par l’intensité de pratiques hydrothérapiques utilisant des eaux minérales naturelles. Les bains sont généraux ou locaux. La douche filiforme est un soin essentiel ; elle est pratiquée par le dermatologue lui-même, tous les matins ; elle a une action vasomotrice, antalgique, anti-prurigineuse. Les soins complémentaires font appel aux massages des cicatrices et des brides cicatricielles, enveloppements dermatologiques et soins hydratants pour les eczémas et les psoriasis, accompagnement psychothérapique, accueil des enfants non accompagnés.

Les maladies dermatologiques chroniques altèrent la qualité de vie : « si elles ne tuent pas, elles empêchent de vivre » puisque pour le moment aucun traitement ne peut assurer leur guérison définitive. L’exemple des cas graves est édifiant : dès qu’on essaie d’évoquer l’importance des facteurs génétiques, on provoque une culpabilité des parents et des conflits familiaux incontrôlables. Le dialogue médecin-malade (et/ou famille) est ici très important.

Éducation thérapeutique du patient et prévention

Éducation thérapeutique du patient et prévention

Tous les malades chroniques rencontrent à un moment de leur parcours de soins des difficultés à adhérer au traitement prescrit. L’éducation thérapeutique est ici une aide précieuse pour le jeune patient. Associée au traitement curatif et aux mesures adjudantes, l’objectif principal de l’éduction thérapeutique est d’améliorer l’alliance thérapeutique entre le soignant, le soigné et son entourage pour une prise en charge optimale.

Les enfants sont encore d’avantage concernés par la prévention que les adultes : touchés en pleine croissance par la maladie, les enjeux sont d’autant plus importants que la prise en charge de la pathologie conditionnera en grande partie leur vie d’adulte. En apprivoisant la maladie qui les touchera toute leur vie, en apprenant à mener une vie normale, en suivant des ateliers avec d’autres enfants, le jeune curiste apprendra l’autonomie et retrouvera confiance en lui, en plus de se trouver soulagé et de consommer moins de médicaments : des bénéfices qui lui seront utiles toute sa vie.

La cure thermale et l'enfant en podcast :