La médecine thermale, c’est aussi pour les actifs !
Lorsque l’on évoque les cures thermales, on pense souvent en premier lieu à une thérapeutique réservée aux personnes d’un certain âge, souffrant des maux de leur génération : arthrose, perte de la mobilité, rhumatismes divers… Loin de ces clichés qui ont la vie dure, la médecine thermale propose une large gamme de soins adaptés à de nombreuses pathologies affectant toutes les catégories de la population. Enfants et adolescents ont ainsi leur place dans les stations thermales, mais c’est également le cas des actifs, qui n’envisagent pas toujours ce traitement qu’ils jugent peu compatible avec une activité professionnelle.
Ces maladies qui sont pas liées à l’âge…
La médecine thermale est reconnue dans le traitement de douze grands domaines thérapeutiques. Au sein de ceux-ci, de nombreuses pathologies ne sont pas liées à l’âge du patient et peuvent apparaître tout au long de la vie.
- PROBLÈMES DERMATOLOGIQUES : de nombreuses dermatoses apparaissent dès l’enfance. L’eczéma, par exemple, touche environ un tiers des enfants et 10% des adultes. Le psoriasis, autre pathologie dermatologique, se déclare généralement entre 10 et 20 ans. Elles évoluent par poussées, et occasionnent des démangeaisons intenses. Les soins thermaux sont reconnus pour soulager durablement le prurit.
- SURPOIDS : le surpoids touche aujourd’hui 32% de la population française, et l’obésité 14,5%. Alors que les chiffres ne cessent d’augmenter, ce sujet devient un véritable enjeu de société. Et il est important de prendre en charge ses problèmes de poids dès que possible : l’OMS alerte en effet la population sur les dangers engendrés, tels que le diabète, les maladies cardiaques ou encore l’apparition et/ou l’aggravation de certains cancers, qui font de l’obésité le 5e facteur de risque de décès au niveau mondial. L’étude Maâthermes a prouvé qu’une cure thermale de 3 semaines permettait de perdre du poids durablement et d’obtenir les mêmes résultats que lors d’un programme de modification de style de vie de 16 à 28 semaines.
- FIBROMYALGIE : la fibromyalgie est une maladie très douloureuse et invalidante. Encore peu connue, elle touche principalement les femmes et se déclare souvent avant 30 ans. Provoquant des douleurs musculaires intenses, diffuses avec des points douloureux localisés dans certaines zones du corps, ainsi qu’une fatigue extrême, elle entraîne dans 10% à 30% des cas une incapacité de travail. La médecine thermale permet de réduire les douleurs et, grâce aux modules d’éducation thérapeutique du patient, de mieux vivre sa maladie au quotidien.
- CANCER : les cancers touchent de nombreux actifs, contraints d’arrêter pour une période plus ou moins longue leur activité professionnelle afin de suivre un traitement parfois très lourd. Une fois le patient en rémission, le chemin est encore long avant de retrouver ses capacités et d’effacer les traces des protocoles de soins. La cure thermale est particulièrement indiquée dans cette période charnière, comme le prouve l’étude PACThe qui s’est concentrée sur la réhabilitation post-thérapeutique en suivant le parcours de femmes ayant subi un cancer du sein
- TROUBLES RESPIRATOIRES : la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) fait partie des troubles respiratoires traités en station. Elle est caractérisée par une obstruction lente des voies aériennes et des poumons. Troisième cause de décès en France, elle touche dans 80% des cas les fumeurs. Si elle n’est pas traitée, la BPCO peut évoluer vers une insuffisance respiratoire ainsi que des complications neurologiques et cardiovasculaires.
- MALADIES CHRONIQUES : les maladies auto-immunes (rhumatismes inflammatoires tels que la spondylarthrite ankylosante en particulier ou la polyarthrite rhumatoïde – maladies du système digestif telles que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, etc.) touchent environ 8% de la population dans les pays développés, dont près de 80% de femmes. Le traitement peut contrôler les symptômes et les poussées. Elles surviennent souvent avant 50 ans, d’où l’importance de les prendre en charge rapidement, afin de limiter les dégâts causés par la maladie à l’organisme. Les cures thermales contribuent à traiter certains de ces symptômes et sont bien tolérées dès lors que l’état inflammatoire est contrôlé. Le suivi proposé par les équipes soignantes permet également de mieux appréhender les différentes facettes de ces maladies que les curistes auront à gérer toute leur vie.
Les troubles liés à l’activité professionnelle
Alors que certaines maladies touchent indifféremment les actifs et les autres catégories de la population, d’autres troubles sont directement liés à la profession des personnes atteintes. Sans évoquer les métiers reconnus comme pénibles et ayant une incidence évidente sur la santé, voici deux exemples de pathologies dont la plupart des actifs sont susceptibles de souffrir un jour.
- MAL DE DOS : les lombalgies (douleurs caractéristiques du fameux « mal de reins ») peuvent apparaître dans plusieurs cas. Au-delà des anomalies structurelles qui peuvent toucher tout un chacun, une mauvaise posture peut favoriser l’apparition des symptômes, tout comme des contraintes excessives (qui peuvent être professionnelles ou sportives). Une cure thermale peut apaiser ces douleurs et contribuer à restaurer les capacités fonctionelles des personnes. Les TMS, ou troubles musculo-squelettiques, se développent chez les travailleurs manuels mais aussi chez les personnes travaillant sur ordinateur, en position assise pendant de nombreuses heures et/ou effectuant des gestes répétitifs. La position n’étant souvent pas optimale, malgré les avertissements et les recommandations des médecins du travail, les tensions touchant les différentes articulations sont nombreuses. Les articulations des mains, des poignets, des coudes, des épaules en particulier peuvent ainsi être soumises à rude épreuve : en cause, les claviers d’ordinateurs et leur manque d’ergonomie. D’une manière générale, tous les gestes répétitifs peuvent entraîner des tendinopathies, douloureuses et invalidantes. Les actifs effectuant un travail à la chaîne sont donc particulièrement touchés, tout comme les musiciens ou les sportifs professionnels.
- INSUFFISANCE VEINEUSE : l’insuffisance veineuse désigne un mauvais retour veineux, lorsque le sang présente des difficultés à remonter des jambes vers le coeur. Si des facteurs tels que l’hérédité, le surpoids ou le tabagisme peuvent altérer les valvules et compromettre le reflux sanguin, certaines professions sont plus exposées que d’autres. Ainsi, les actifs dont la profession implique une station debout prolongée sont plus susceptibles de développer cette pathologie. Les piétinements répétés, ainsi qu’un environnement de travail chaud et humide font également partie des facteurs aggravants.
- STRESS : tous les actifs ne développeront certes pas de pathologie sévère, mais nombreux sont ceux qui à un moment ou à un autre auront à souffrir du stress. Burnout, dépression, insomnie, fatigue chronique, syndrome de l’intestin irritable : les effets du stress sont divers et peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves. Les cures thermales spécialisées dans les affections psychosomatiques permettent de soulager les curistes en évitant la consommation de médicaments. L’étude STOP-TAG a prouvé l’efficacité des cures thermales dans le traitement de l’anxiété généralisée : 83% des patients ayant suivi le protocole thermal ont répondu positivement et ont vu leur niveau d’anxiété réduit d’au moins 30%. Pour les patients ayant eu recours à un traitement à base de benzodiazépines, le thermalisme permet également d’effectuer un sevrage en douceur, et efficace sur le long terme (étude SPECTh).
La cure : un investissement pour le futur
Partir pour 18 jours de soins peut sembler très contraignant lorsque l’on exerce une activité professionnelle. Mais il est important de savoir que la durée de la cure est la garantie de son efficacité. De plus, une véritable coupure – de son quotidien, de son environnement de travail, etc. – permet de tirer un plus grand profit des protocoles thérapeutiques, par ailleurs fatigants.
Finalement, il faut garder à l’esprit qu’effectuer une cure est un investissement sur le long terme : en refusant d’attendre que son état ne se dégrade, en prenant la pathologie en amont, on évite bien des complications et on s’assure une plus grande maîtrise des symptômes. Plusieurs études ont également prouvé que le thermalisme permettait de consommer moins de médicaments et de diminuer le nombre d’arrêts de travail pour raison médicale.
EN PRATIQUE !
Comment s’organiser avec son employeur ?
Vous êtes salarié et souhaitez aborder le sujet de la cure thermale avec votre employeur ? Sachez tout d’abord que l‘employeur n’est pas tenu d’autoriser le salarié à s’absenter, même après l’accord de la Sécurité Sociale, sauf si la prescription médicale indique une date particulière pour le suivi de la cure (par exemple si pour une raison thérapeutique il est urgent que le patient se rende en station). Si on vous oppose un refus, tentez de convenir d’une nouvelle date. Sinon, vous pourrez effectuer votre cure pendant vos congés payés ou, si vous avez la chance d’habiter dans les environs d’une station thermale, vous pouvez demander à aménager les horaires des soins afin qu’ils soient compatibles avec le maintien d’une activité. Dans tous les cas, le suivi d’une cure thermale ne s’apparente pas à un congé maladie : l’indemnisation de la Sécurité Sociale est différente, et l’employeur n’est lui soumis à aucune obligation de maintien de salaire, sauf si la cure constitue un traitement thérapeutique d’une affection entraînant une incapacité de travail.